La dernière édition de la veille sectorielle d’Oaklen Consulting décrypte plusieurs publications sur les habitudes de paiement en Europe qui démontrent que la lutte contre la fraude doit être adaptée au contexte local.
La dernière édition de la veille sectorielle d’Oaklen Consulting décrypte plusieurs publications sur les habitudes de paiement en Europe qui démontrent que la lutte contre la fraude doit être adaptée au contexte local.
L’ABE (Autorité Bancaire Européenne) publie son « étude des attitudes de paiement des consommateurs dans la zone euro » (SPACE). La comparaison avec les éditions 2016 et 2019 permet de voir se dessiner des grandes tendances :
· Un cash en diminution mais une toujours relative importance dans les préférences d’accès, les Européens demandant d’avoir le choix même s’ils ne l’utilisent pas. Il faudra donc surveiller si cette diminution de l’usage se traduit aussi dans futur par une baisse de cette demande de pouvoir toujours accéder au paiement en espèces qui marquera la vraie bascule vers une société sans cash ;
· Une percée de l’usage de la carte au point de vente, y compris en sans-contact, mais un usage du mobile restant faible, à l’opposé des discours et des efforts portés sur ce mode de paiement. Encore une fois, les prochaines années verront peut-être un changement plus fort avec la bascule du sans-contact vers le mobile. Cela nécessitera certainement encore des efforts pour diffuser cette technologie sur tous les téléphones et dans toutes les classes d’âge ;
· Des modes de paiement en ligne dont l’usage n’évolue pas franchement depuis 2019 même si ce canal de vente est de plus en plus plébiscité. Ce manque de visibilité peut aussi venir du questionnaire de la BCE en lui-même qui n’avait pas prévu une part aussi élevée de « Autres »dans les moyens utilisés (PayPal, …), cela masquant peut-être des usages forts. L’arrivée de solution comme click-to-pay pourrait venir changer la configuration des paiements sur ce canal dans les années à venir ;
· Un virement instantané sur lequel un plus grand effort de communication devra être fait pour le voir décoller ailleurs que sur des applications B2C ou de virements ponctuels P2P. Cet effort devant être accompagné par la mise en place de moyens d’embarquer cet instrument de paiement dans un nombre élevé de cas d’usage, mais aussi d’une facturation adaptée. Cette bascule vers une utilisation plus poussée pourra peut-être venir d’EPI ;
· Des cryptoactifs qui ne sont absolument pas vus comme des instruments de paiement et qui risquent de demander à la BCE, en plus des efforts technologiques pour mettre en place des solutions viables, un effort de communication important pour justifier et pousser l’usage de l’Euro Digital au travers de toutes les couches de la société.
Cette édition porte sur l’année 2021 marquée par le COVID et le Brexit :
· La situation au Royaume-Uni diffère fortement de celle de la zone Euro par une utilisation très faible du cash : 59% des transactions sont faites en cash dans la zone Euro en 2022 contre 15% au Royaume Uni en 2021 ;
· Le Brexit et ses effets, qui ont commencé à être ressentis en 2021, ont continué à impacter le secteur de la distribution en 2022. Par exemple, l’augmentation des commissions constatée en 2021 s’est poursuivie à la suite de la classification par Visa et MasterCard des achats entre Royaume-Unis et l’Espace Economique Européen (EEE) comme étant inter-région et non plus intra-région. Loin de ne toucher que les commerçants du Royaume-Uni, cette augmentation affecte aussi tous les e-commerçants de l’EEE lors d’un achat avec une carte émise au Royaume-Uni ;
· De plus, l’arrivée de l’authentification forte (SCA) a permis aux schémas de paiement d’introduire de nouveaux frais sur l’utilisation du 3DS, de points de données lorsque le 3DS n’est pas possible mais aussi l’exemption, le refus de transaction et les essais supplémentaires en cas de refus ;
· Ces augmentations successives des frais ont poussé le régulateur britannique - Payment Systems Regulator (PSR) - à lancer deux consultations sur cet aspect. Une ciblera les frais des schémas de paiement et des processeurs (scheme fees et processing fees) et l’autre les frais d’interchange RU-EEE. Certaines réponses sont déjà disponibles et le rapport final devrait être disponible vers la fin de l’année 2023.
Ce rapport est issu d’une enquête en ligne d’IPSOS réalisée auprès de 14000 personnes âgés de plus de 18 ans et ayant effectué des achats en ligne entre décembre 2021 et janvier 2022. Ce rapport apporte une analyse approfondie de 14 marchés différents. Pour la France on retiendra que :
· 64% des consommateurs français font des achats transfrontaliers ;
· Ils sont 69% à préférer les grandes marketplaces internationales lorsqu’elles achètent sur un marché étranger ;
· 77% acceptent des délais de livraison plus longs de la part des commerçants internationaux si le produit est moins cher ;
· 50% acceptent d’être moins exigeants en termes d’expérience client lors d’achats transfrontaliers lorsque la marque est « de confiance » ;
· Les Français font des achats transfrontaliers pour trouver de meilleurs prix (48%), pour pourvoir accéder à des articles non disponibles localement (38%) et enfin découvrir de nouveaux produits intéressants (50%).
Après avoir introduit en mai 2019 son Contingent Reimbursement Model (CRM) Code, mené bataille en 2021 contre les acteurs britanniques des virements pour mettre en œuvre la Confirmation du Payé (CoP), le régulateur britannique des paiements (PSR) poursuit son travail autour de la gestion des escroqueries aux Authorized Pushed Payments (APP) avec une nouvelle proposition visant à élargir les cas de remboursements, avec des contraintes financières fortes pour les PSPs. Le PSR soumet à consultation quatre règles :
· Le PSP à l’origine de l’envoi des fonds doit rembourser la victime sous 48h ;
· Le PSP peut fixer jusqu’à 35£ de reste à charge et positionner un seuil de réclamation de remboursement à partir de100£ ;
· Les coûts (frais de processing, gestion de litige, montant de remboursement etc.) sont partagés à 50/50 entre le PSP à l’origine de l’envoi des fonds et celui ayant reçu frauduleusement les fonds ;
· Les PSP peuvent appliquer une date limite de réclamation, d'au moins 13 mois à compter de la date du paiement.
Pour plus d'informations et obtenir la veille complète n’hésitez pas à nous écrire : contacteznous@oaklen.eu